Logo Lisa

Festival Fiction TV La Rochelle 2022

Le 16 septembre dernier, les étudiants de BTS Audiovisuel option Gestion de Production 1ère et 2ème année se sont déplacés à La Rochelle pour une première rencontre avec les professionnels du secteur.

Ils ont pu assister au grand débat qui a réuni les présidents des principales chaînes de télévision française. La fusion TF1- M6 a animé les débats. Le PDG de Canal + a évoqué le désaccord commercial qui l’oppose à TF1.

L’après-midi a permis la rencontre avec les producteurs de la Saison 2 de 3615 Monique qui a été tournée à Angoulême.

Cette journée a également été l’occasion de nouer des liens entre les étudiants.

 

 

 Compte-rendu de la journée rédigé par les étudiants :

Ce vendredi 16 septembre 2022, nous nous sommes rendus à La Rochelle afin de participer au Festival de la fiction TV.

C’est l’un des plus gros rendez-vous de l’audiovisuel en France et en Europe. Il a été créé à Saint Tropez, puis a été déplacé à la Rochelle il y a onze ans afin de répondre à sa popularité grandissante.
Chaque année, le festival présente environ 80 films et séries, français et étrangers. Des projections, des débats, des rencontres sont organisés autour de sujets et fictions diverses. Le Festival de la Fiction TV est ouvert aux professionnels, au grand public, et est en partie diffusé sur les réseaux afin de rendre accessible à tout le monde la fiction. Il accueille, ainsi, en moyenne 3 000 professionnels de toutes nationalités et 40 000 spectateurs. Près de 50 partenaires soutiennent l’événement.

Le matin, en arrivant, nous avons assisté à une conférence intitulée “comment gérer la crise de la croissance des fictions en France?”
Ce titre a tout d’abord été critiqué par l’ensemble des invités, car pour eux il ne s’agit pas d’une crise mais d’un coup de projecteur sur le cinéma et notamment les fictions françaises qui sont en forte progression. Tout d’abord, le président du CNC ( Centre National du cinéma et de l’image animée), Dominique Boutonnat, est venu nous présenter des solutions pour faire face à la croissance des fictions en France. Nous avons pu assister aux échanges entre les principaux acteurs de l’audiovisuel français : Damien Bernet (Netflix), Iris Bucher (Présidente de l’UPSA), Delphine Ernotte-Cunci (Présidente du groupe France télévisions), Bruno Patino (Président d’ARTE), Gilles Pélisson (PDG du groupe TF1), Pascal Rogard (Directeur général de la SACD), Maxime Saada (Président du directoire, Groupe Canal+) et Thomas Valentin (Vice-Président du directoire du groupe M6).

SACD : Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques
UPSA : Union syndicale de la Production Audiovisuelle

Un des enjeux auquel doit répondre le secteur de l’audiovisuel est le manque d’auteurs et de techniciens. Le projet du CNC consiste donc à financer de façon plus conséquente les formations pour attirer le plus possible les jeunes talents. Il à été également précisé la nécessité d’aller chercher les talents partout en France et non uniquement dans la capitale, qui est la ville en France la plus avantagée dans le domaine de l’audiovisuelle de part ses structures de productions et tournages.
L’objectif est de construire et de rénover de nouveaux et d’anciens studios de cinéma/ télé et studios de VFX et d’animation afin d’augmenter la capacité de production.

Mais le débat a vite changé de trajectoire puisque nous avons également pu assister à quelques joutes verbales au sujet de la fusion entre TF1 et M6. Cette fusion a été soutenue par une grande majorité des invités, en particulier par la présidente de France Télévisions et le président de la SACD. A l’inverse, elle n’était pas approuvée par Maxime Saada, président de Canal +.Selon lui, cela serait un monopole anticoncurrentiel vis-à-vis des autres chaînes de télévision car le nouveau groupe aurait un monopole en termes de publicité. En fin de journée, nous avons appris que ce projet a été finalement annulé car la condition pour permettre cette fusion aurait été que la chaîne TF1 ou la chaîne M6 soit vendue.

L’après -midi, nous avons eu l’occasion d’assister à la projection, en avant première, de trois épisodes de la deuxième saison de 3615 Monique, qui sera disponible sur OCS en décembre 2022. Il s’agit d’une série française créée en 2020 par Emmanuel Poulain-Arnaud et Armand Robin, produite par Mon Voisin Production en coproduction avec Qui vive ! et diffusée par OCS. La série a d’ailleurs été tournée en partie à Angoulême. L’histoire se situe dans les années 1980, le Minitel fait son arrivée en France et change fondamentalement les échanges au sein de la population, permettant ainsi une communication plus directe. Trois étudiants essayent alors de mettre en place un système de correspondance visant à satisfaire les plaisirs érotiques de manière virtuelle.

Nous avons eu l’occasion de rencontrer l’équipe du film accompagnée de Dominique Besnehard et d’échanger avec les producteurs délégués de la série : Antoine Le Carpentier et Emmanuel Wahl. Nous avions préparé des questions d’ordre économique et technique. Le tournage de cette deuxième saison s’est étalé sur trente jours : dix jours en Charente et vingt à Paris. Par rapport à la première saison de 3615 Monique, le budget de la deuxième saison a légèrement augmenté grâce à l’engouement des téléspectateurs pour la série, passant ainsi de 1,2 à 1,5 millions d’euros. Les deux producteurs ont souligné que ce budget était assez limité pour une série que se veut historique. La construction des décors et la collecte des accessoires des années 80 est effectivement une entreprise coûteuse.

La discussion s’est ensuite orientée vers la création et le contenu de la série. L’idée de 3615 Monique a été amenée par Emmanuel Wahl suite à sa lecture du livre La théorie de l’information écrit par Aurélien Bellanger. Ce dernier relate des évolutions technologiques et économiques au service de la diffusion d’information, en commençant par l’apparition du Minitel. Toutefois, au-delà de l’aspect nostalgique des années 80, avec le Minitel et le phénomène de libération sexuelle qui fait tout le charme de la série, cette dernière aborde également des sujets tels que les agressions sexuelles, la mise en scène de mineurs dans des films pornographiques et la difficulté des échanges sur les réseaux sociaux. Ces thèmes sont tout aussi importants que sensibles, notamment depuis le mouvement Me Too. Les évoquer, en particulier dans une série qui se veut comique, peut sembler risqué et audacieux. Antoine Le Carpentier et Emmanuel Wahl pensent avoir manié avec justesse leur sujet dans le contexte temporel de la série avec une forme de morale presque féministe incarnée par le personnage de Chantal.

En conclusion, nous recommandons vivement à tous les passionnés de séries, et notamment de fictions, de se rendre au Festival de la Fiction TV de la Rochelle.

Au-delà du fait que la Rochelle est une ville qui vaut le détour, le Festival offre un panel d’événements, de projections et de rencontres inédits. Il permet de découvrir de nouvelles fictions, de nouveaux artistes, de nouveaux projets, tout en stimulant notre esprit critique.

Nous remercions Mme Godillon et Mme Goursaud de nous avoir offert une cette opportunité de rencontrer des professionnels durant ce festival.

Constant Bergerac
Valentine Bonneau
Maureen Galy
Nathan Landiech